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Romain Froquet, interview sur l’expo « Hémisphère » – 1ere Partie

Romain Froquet sur l’exposition « Hémisphère » à la Galerie Clemouchka, Lyon 1er.

Quelques temps avant le vernissage de l’exposition de Romain Froquet qui a lieu du 22 Octobre au 26 novembre 2015, l’artiste a accepté de parler un peu de sa vision et de l’état d’esprit dans lequel l’exposition c’est préparée. Ilparle également de son travail, de sa manière de travailler, de son environnement et ses expériences et inspirations. Romain revient sur les mois de préparation et de création. Voici la première partie sur 2 de l’interview.

Romain Froquet - Hémisphère_100x81_2015

L’entrevue avec Romain Froquet :

Street-art-lyon : Comment définis-tu ton travail ?

Romain Froquet : Pour commencer, je dirai que c est un travail porté sur l’abstraction. A la fois ethnique et urbain puisque mes inspirations vont de l’univers dans lequel j ai grandi, à savoir la ville, à mes premiers grands amours artistiques, on va dire, l’art africain, sud américain, en tout cas l’art porté autour du masque et des statuettes.

Aujourd’hui, je suis inspiré par ces 2 univers. Mon travail, est passé dans les premières années de la figuration à un travaille plutôt réaliste porté autour des portraits à aujourd’hui quelque chose que je définirai comme une écriture singulière, en tout cas c’est mon langage a moi. Je ne m’exprime pas forcément avec les mots mais la façon que j’ai trouvé de faire sortir des idées, de m’exprimer en fait, puisque ça part d’une envie de m’exprimer, se traduit, se transcrit par un travail autour de la ligne. J’ai vraiment une recherche graphique très forte autour de la ligne. Il se retranscrit dans mes toiles par un travail à la ligne noire.

Ce travail porté sur la ligne, c est pour moi également un travail autour du mouvement, du mouvement perpétuel, du mouvement continu. C’est une métaphore de la vie, de la condition humaine mais aussi de la nature donc un parallèle avec l’ordre et le chaos, les cycles permanents et incessants de la vie, c est des chose que je reproduis en dessin ou en peinture.

Il y a une vraie spontanéité dans mon travail. J essaie, justement un peu à la manière de la calligraphie chinoise, chinoise mais pas seulement. Cet art de reproduire un mouvement de reproduire un caractère encore et toujours pour arriver à une perfection dans la ligne, dans l’équilibre. J’ai cette même pratique avec le dessin. C’est à dire que je reproduis des formes pour que ça devienne inné, pour que ça devienne complétement spontané. C’est pour ça qu’on peut avoir l’impression que mes dessins, mes tableaux se ressemblent mais c’est parce que cette ligne justement est la même. La ligne va voyager d’un mur à un autre ou d un tableau à un autre mais c’est la même ligne à la base.

Pour terminer, réellement avec la façon dont je définis mon travail et la façon dont je travaille. Je me nourris de tout ce que j’ai autour de moi. Je me vois comme une éponge de la société, de la planète, de l’être humain, de tout ce que je peux voir ou entendre. Je me sers vraiment de mon travail porté sur l’abstraction, l’abstraction de ce monde, l’abstraction des êtres humains, du comportement humain et je le retranscris sur mes œuvres avec ces lignes qui sont juste des fluides d’énergie qui peuvent représenter toute la complexité de l’homme. C est pour ça qu’on peut trouver quasiment dans tous mes travaux des sortes de masques déstructurés. C’est la différence entre ce qu’est l’être humain à l’intérieur, au plus profond de lui même et ce qu’il essaie de montrer de lui même : quelque chose de beaucoup plus lisse. J’aime montrer tout ce qu’on ne voit pas.

Romain Froquet Trees, Miami, Wynwood district, 2014

 

Te revendiques-tu du « street art » ?

Romain Froquet : Je ne me revendique de pas grand chose si ce n est que d’être humain. Le terme d’artiste c’est imposé à moi lorsque finalement j’ai du parler de ma profession, de ce que je faisais dans la vie. C’est avant tout une passion et puis un réelle besoin de m’exprimer ou d’exister en tant qu’être humain. Je ne me revendique absolument pas du milieu du street-art ou du milieu du graffiti. Je vais en revanche revendiquer le fait d’être artiste. Il se trouve que dans mon parcours j ai rencontré et j’ai intégré très jeune le collectif « 9e concept »  qui a été pour moi à la fois un clan et à la fois des formateurs. C’était un collectif qui intervenait beaucoup en extérieur par du sticker, de la peinture murale, ce genre de chose… Les artistes que je fréquentais, quand je dis très jeune c’est 18 ans, étaient issues du mouvement graffiti mais pas uniquement donc très jeune et très vite je ne me suis pas mis de barrière. En tant qu’autodidacte j’avais plein d’inconvénient mais il y avait aussi des points positifs c’est que je ne me mettais que très peu de barrière. J’ai pu très vite à la fois peindre en extérieur, peindre des tableaux, des planches de skate, dessiner, travailler sur ordinateur et me former à des logiciels comme Illustrator. Tout ça pour dire que j ai rapidement touché à tout et je me suis vite rendu compte que pour exister ou pour vivre en tant qu’artiste il me fallait être curieux et au contraire ne pas évoluer dans une sphère, mais évoluer dans plusieurs sphères.

D’où te vient ton inspiration ?

Romain Froquet : Aillant grandi en ville, ma première inspiration a été urbaine puisque je suis né à Villeurbanne et que j’ai grandi à Meyzieu dans la banlieue est de Lyon. Ce que je voyais c’était un décor urbain avec tout ce qui va avec. Du graffiti, du tag bien évidemment mais pas seulement, c’est également des couleurs, des énergies, des dynamiques. Ça a été inconsciemment mes première inspiration. Ensuite, après avoir voyagé, déménagé, je suis arrivé à Paris à l’age de 18 ans. C’est à Paris que j’ai eu une sorte de révélation peut être, en tout cas j’ai découvert un univers artistique que je ne connaissais pas. En arrivant à Paris, c’est vraiment l’art africain qui m’a le plus inspiré en premier plan. Ça a été pour moi une vrai passion. Le travail autour des masques, le travail autour des statuettes, l’art ethnique… J’y ai trouvé un vrai lien avec la terre, avec des divinités également. C’est vraiment quelque chose qui m’a attiré et qui m’a donné envie. Du coup, mes premiers travaux de peinture ou de dessin était vraiment très ethnique très porté sur le masque. Ensuite, et je cite souvent cette expo, la rétrospective de Jean Michel Basquiat au musée Maillol, c’etait en 2001 ou 2002, j’y ai trouvé tous les codes que je connaissais. C’est à dire tout une dimension urbaine et une dimension ethnique tribale, ça a été un moment important pour moi d’un point de vue de l’inspiration. C’est vraiment à partir de mes 18-20 ans que je me suis mis a apprendre l’art. C’est à dire que je décide de ne pas faire d’école mais en revanche je décide de m’instruire par moi même donc voyager, découvrir des artistes, des courants artistique…

Forcement on évolue. Ça va faire 15 ans que je travaille dans l’art, que je travaille la création, que je travaille l’image. Aujourd’hui, je vais chercher mes inspirations principalement dans l’être humain. Dans mes travaux. Je vais traiter de sujet comme la condition humaine, les relations humaines ou l’être humain sur sa planète. Lorsque j’ai nommé cette exposition « Hémisphère » c’est à la fois un travail sur la planète, sur les inégalités, sur les hémisphères nord et sud, sur les conquêtes des hommes. C’est aussi un travaille sur le cerveau humain, l’hémisphère droit et l’hémisphère gauche, la dualité, l’ambivalence, donc c’est très large. L’être humain avec ses sentiments est au cœur de ma création et de mon inspiration mais je vais aussi m’inspirer également d’autres choses. Mon travail étant porté sur la ligne, je suis quelqu’un en quête perpétuelle d’équilibre. D’équilibre dans ma vie et aussi dans ma création. Pour moi un tableau, une peinture c’est comme une équation, j essaie de trouver une solution à l’équation, la solution étant l’équilibre. L’équilibre parfait. Donc, il y a cette quête, lorsque je crée il y a une recherche de quelque chose, je ne suis pas forcément au courant du sujet de cette quête mais ce qui est certain c’est que je ne sais jamais vraiment à l’avance ce que je vais raconter dans un tableau, en revanche à la fin, lorsque j ai terminé ce tableau j’essaie de l’expliquer, de le décrypter. C’est une énigme à la fois pour moi et forcement pour la personne qui regardera ce tableau. J’aime ce coté mystique, ce coté abstrait dans tous les sens du terme. Par le fait de ne pas pouvoir donner une explication trop aboutie finalement, je donne des clés et je me donne des clés également à travers ça. Donc les inspirations sont multiples. Mes inspirations, c est ma vie, c’est le mouvement, c est mes voyages, mes rencontres…

Pour terminé sur ces inspirations qui sont multiples. Mes inspirations sont aussi dans la rue, sont aussi dans la ville. Je suis en recherche vraiment d’équilibre dans mes tableaux et j observe énormément l’architecture. L’architecture autour de moi, des rues, des bâtiments, des lignes, comment se composent les choses. Ce que construit l’homme finalement, ça peut être des routes, des autoroutes qui se croisent. Tout ça se sont des lignes, des graphismes dans lequel je puise beaucoup d’inspiration pour mon travail.

 

Romain Froquet, Cargo Space, Houston

Quel parcours pour arriver là, Romain Froquet ?

Romain Froquet : Déjà, je pense que le parcours ne fait que commencer. Je n’ai pas un parcours forcément classique. Je ne suis pas passé par une école spécifique et je n’était pas quelqu’un qui dessinait dès son plus jeune age, je n’ai pas passé mon enfance à dessiner, un stylo entre les mains. J’ai découvert vraiment l’art, la peinture, le dessin à l’age de 18, 20 ans. J ai eu la chance de rencontrer un collectif d’artiste, qui est 9e concept, qui a été vraiment pour moi formateur. C’est à dire que j ai eu la chance de côtoyer beaucoup d’artistes différents avec des styles et des vécus différents. Les artistes faisaient parti ou pas du collectif d’ailleurs. Donc très vite, mon école ou ma façon d’apprendre a été de fréquenter, d’apprendre aux cotés d’artistes et de très vite pratiquer. Pratiquer ma discipline sous forme d’expo, d’exposition collective mais aussi de graphisme, d illustration. Donc je suis passé d’artiste apprenti à graphiste à directeur artistique et j’ai évolué dans beaucoup de sphère autour de l’image des sphères différentes mais complémentaires. L’école que j’ai fait est un peu celle de la vie, ça a été de côtoyer des artistes parce que je trouvais ça enrichissant et nourrissant. Ceci m’a donc également fait beaucoup voyager. Je me suis dit que je voulais voir le monde avec mes yeux et pas à travers un écran d’ordinateur donc il y avait une vraie curiosité de ma part. Je considère un artiste comme un chercheur et je me suis dit que autant être ce chercheur. Chercher ma vie, ma planète… Ça a été des voyages marquant, comme en Inde avec mon ami artiste Rahul Mitra, ce voyage et ces résidences à Houston pour « open the door » , ça a été marquant à un niveau artistique et humain. Et puis je continue, je me considère vraiment qu’au début de mon chemin.

Je vois le parcours d’un artiste comme très long, très lent. J’estime réellement que j’ai tout mon temps, je ne suis pas pressé. J’espère et j’aspire en tant qu’artiste pouvoir peindre longtemps, jusqu’à très vieux, jusqu’à ce que mon corps ne me le permette plus. Je me dis que j’ai le temps d’apprendre donc c est pour ça que je pense être qu’au début de mon parcours qui est un apprentissage finalement : travailler et collaborer avec des artistes et des disciplines différentes. Mon parcours est à la fois la facilité parce que je choisi d aller ou je souhaite et il y a vraiment un coté aventure et quelque part, il y a vraiment quelque chose de motivant. D’un autre coté, je vais à mon rythme donc plus lentement que d’autre mais dans un monde ou tout va vite je trouve ça intéressant d’être a contre temps.

suite de l’interview de Romain Froquet à venir…

Romain Froquet sur le web

www.romainfroquet.com
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www.instagram.com/romainfroquet

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